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village de mon grand père

à mon défunt grand-père 

A mon grand-père.

 

J’ai quitté la maison de mon enfance

Dans le petit  village

Qui m’a vu naître

Un village sans parcmètre

 

Dans ce village où il n’a jamais plu

La maison n’est plus

Mise à terre

Par un tremblement de terre

 

Cette maison que tu avais réussi à acquérir

Après plusieurs années d’exil

Au pays de l’oncle Sam

L’eldorado américain

 

Heureusement de ton nouveau domicile

Tu ne l’as pas vu mourir

Tu aurais eu la vague à l’âme

La mort du rêve américain

 

Je reviendrai voir ce village

Et les collines brûlées qui l’entourent

Le ruisseau qui serpente à ses pieds

Toujours à sec l’été

 

Ce village où on priait pour voir un nuage

Apporter un peu d’ombrage

Pour ne pas vivre toujours en cage

Dominé par le château fort et sa grande tour 

D’où les jours de fêtes sortent des chevaliers

Harnachés comme des vignes trop sulfatées

 

Je marcherai dans ses étroites ruelles

Où je courais quand j’étais petit garçon

Et que de braves maçons

Ont su préserver et rénover à la truelle

 

Je me souviendrai toujours

De ces endroits que tu aimais

 Où tu voulais que je t’accompagne

Pour de longues promenades

 

Dans cette belle campagne

Qui n’a jamais vu les parapluies de Cherbourg

Depuis le début de chaque mois de mai

Jusqu’au départ des manades

 

J’irai revoir la vielle maison de mes parents

Revendue à un brave artisan

Qui l’a remise à neuf

Dans les années deux mille neuf

 

J’irai à l’église dire une messe

Je donnerai même quelques pièces

Je la dédierai au mérite que tu as eu

Quand tu t’es occupé de moi

Lorsque mes parents me laissaient seul

Mon père exilé en France

Ma mère journalière aux champs

 

Tous deux partis sous mépris et abus

Ma mère pour quelques sous à la meule

Sous les ordres d’un patron aux abois

Mon père au pays de l’espérance

Attiré par un salaire promis alléchant

  

J’irai revoir ce qui reste       

De ce que tu avais bâti toi-même

Même si c’était modeste

Même si c’était de façon bohème

Avec aux mains des crevasses

Comme si tu avais escaladé les grandes Jorasses

 

Je reviendrai voir ce village

Qui attendait chaque jour un nuage

Je reviendrai voir les champs de blé

Mariés à jamais avec l’été

 

J’irai me promener dans le cimetière

Où tu repose désormais en paix

Pour toi je dirais une prière

Remplie de mon plus grand respect

 

Dans ce cimetière où par manque de place

On case les défunts dans des niches

Dont certaines sont des palaces

Réservés aux plus riches

 

J’irai fleurir cette tombe

Où sont gravés ton nom et ton prénom

Que tu m’as légués en héritage

Vieille coutume ancestrale

 Aujourd’hui, posthume

 

Je lâcherais une colombe

Qui portera mon message jusqu’à l’Odéon

De l’antiquité avant le moyen âge

Sous la voûte astrale dans les profondeurs abyssales

Dans ce village qui ne connait pas la brume

 

 

Je reviendrai dans mon village

Je n’ai pas pu tourner la page

Je reviendrai dans mon village

Voir le ciel sans nuages

 

Je reviendrai te dire au revoir

Une dernière fois

Car même si j’avais la foi

Je crois qu’il y  a peu d’espoir

D’ un jour se revoir

Il  faut savoir faire son deuil parfois.

 

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