village de mon grand père
![](https://size.blogspirit.net/hautetfort.com/poemessalva/773/media/01/02/1034928133.2.jpg)
à mon défunt grand-père
A mon grand-père.
J’ai quitté la maison de mon enfance
Dans le petit village
Qui m’a vu naître
Un village sans parcmètre
Dans ce village où il n’a jamais plu
La maison n’est plus
Mise à terre
Par un tremblement de terre
Cette maison que tu avais réussi à acquérir
Après plusieurs années d’exil
Au pays de l’oncle Sam
L’eldorado américain
Heureusement de ton nouveau domicile
Tu ne l’as pas vu mourir
Tu aurais eu la vague à l’âme
La mort du rêve américain
Je reviendrai voir ce village
Et les collines brûlées qui l’entourent
Le ruisseau qui serpente à ses pieds
Toujours à sec l’été
Ce village où on priait pour voir un nuage
Apporter un peu d’ombrage
Pour ne pas vivre toujours en cage
Dominé par le château fort et sa grande tour
D’où les jours de fêtes sortent des chevaliers
Harnachés comme des vignes trop sulfatées
Je marcherai dans ses étroites ruelles
Où je courais quand j’étais petit garçon
Et que de braves maçons
Ont su préserver et rénover à la truelle
Je me souviendrai toujours
De ces endroits que tu aimais
Où tu voulais que je t’accompagne
Pour de longues promenades
Dans cette belle campagne
Qui n’a jamais vu les parapluies de Cherbourg
Depuis le début de chaque mois de mai
Jusqu’au départ des manades
J’irai revoir la vielle maison de mes parents
Revendue à un brave artisan
Qui l’a remise à neuf
Dans les années deux mille neuf
J’irai à l’église dire une messe
Je donnerai même quelques pièces
Je la dédierai au mérite que tu as eu
Quand tu t’es occupé de moi
Lorsque mes parents me laissaient seul
Mon père exilé en France
Ma mère journalière aux champs
Tous deux partis sous mépris et abus
Ma mère pour quelques sous à la meule
Sous les ordres d’un patron aux abois
Mon père au pays de l’espérance
Attiré par un salaire promis alléchant
J’irai revoir ce qui reste
De ce que tu avais bâti toi-même
Même si c’était modeste
Même si c’était de façon bohème
Avec aux mains des crevasses
Comme si tu avais escaladé les grandes Jorasses
Je reviendrai voir ce village
Qui attendait chaque jour un nuage
Je reviendrai voir les champs de blé
Mariés à jamais avec l’été
J’irai me promener dans le cimetière
Où tu repose désormais en paix
Pour toi je dirais une prière
Remplie de mon plus grand respect
Dans ce cimetière où par manque de place
On case les défunts dans des niches
Dont certaines sont des palaces
Réservés aux plus riches
J’irai fleurir cette tombe
Où sont gravés ton nom et ton prénom
Que tu m’as légués en héritage
Vieille coutume ancestrale
Aujourd’hui, posthume
Je lâcherais une colombe
Qui portera mon message jusqu’à l’Odéon
De l’antiquité avant le moyen âge
Sous la voûte astrale dans les profondeurs abyssales
Dans ce village qui ne connait pas la brume
Je reviendrai dans mon village
Je n’ai pas pu tourner la page
Je reviendrai dans mon village
Voir le ciel sans nuages
Je reviendrai te dire au revoir
Une dernière fois
Car même si j’avais la foi
Je crois qu’il y a peu d’espoir
D’ un jour se revoir
Il faut savoir faire son deuil parfois.
Reproduction interdite sans autorisation. Salva.