Ce n'est pas un choix.

Ce n’est pas un choix.
On n’a plus l’âge de faire des semis
Et le soleil devient de plus en plus étouffant
On quitte sa région et ses amis
Pour se rapprocher de ses enfants
Plus que les années qui passent
On redoute l’isolement
Mais pour l’hébergement
On se trouve vite dans une impasse
Ces aînés qui sont en train de vieillir
Les enfants ne pourront pas les accueillir
Pas assez de pièces dans la maison
Il faut se faire une raison
On serait trop à table avec les enfants
Et puis coucher sur le divan
Ce ne n’est pas raisonnable
Et ce serait trop inconfortable
On va aller visiter une maison de retraite
On en connait une qui semble parfaite
On ne nous en a dit que du bien
Que les pensionnaires ne manquent de rien
On vous accueille avec un grand sourire
Une gentillesse pleine de promesses
Pendant que les enfants vont vous inscrire
Dans cette maison qui est votre nouvelle adresse
On vous prend la tension
On est aux petits soins pour votre acclimatation
Bonne apparence et bonne prestance
Tant que les enfants font acte de présence
Et tant que la pause café
N’est pas affectée
Il y a même des structures
Qoi vous font de la lecture
Et qui acceptent un petit compagnon
Comme c’est mignon
On se croirait presque à la maison
S’il n’y avait pas ces murs qui cachent l’horizon
On fera même un petit détour
Pour venir vous voir tous les jours
Mais plus le temps passe
Plus les visites s’espacent
Les enfants n’ont plus le temps
Il faut qu’ils s’occupent de leurs enfants
Les journées deviennent monotones
Et de plus en plus longues et tristes dès l’automne
On se remémore les souvenirs
Des jours où on était encore valide
Coulent des larmes qu’on ne peut contenir
Contre ce corps qui devient de plus en plus rigide
Cet esprit de moins en moins lucide
Et ce visage de plus en plus livide
Heureusement il y a des infirmières
Qui nous administrent des somnifères
Et des aides soignantes
Qui se veulent aimantes
Et qui nous nettoient le derrière
Sans faire de manières
On perd toute notre fierté
Et toute notre dignité
On n’a qu’une seule envie
Quitter cette affligeante vie
Mais il y a toujours quelqu’un alentour
Qui vous parle des beaux jours
Pour vous retenir et vous maintenir
Alors qu’on ne peut même plus se contenir
Lorsqu’on est alité sans aucune mobilité
Et qu’on perd ses facultés
Quelle humiliation pour les vieux lions
Dont la vie a toujours été un esprit de rébellion..
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