Mortelle attente

Les vieux dans les mouroirs
Mortelle attente
Elle guette le moindre signe de faiblesse
Qui trahit leur état de vieillesse
La dame vêtue de blanc
Qui surveille le poids des ans
La jeunesse un lointain souvenir
On ne parle plus d’avenir
C’est la phase terminale
D’une spirale infernale
On surveille leur moindre souffle
On leur met leurs pantoufles
On ajuste leur édredon
Ils sont reliés par tant de cordons
Le moindre changement de position
Est vécu comme une agression
Le plus petit courant d’air
Leur meurtri un peu plus les chairs
Des corps épuisés par la douleur
Des yeux qui ne voient plus les couleurs
Des doigts pliés sur de vieux tabliers
Des têtes qui regardent les souliers
Des râles qui emplissent la salle
Des fauteuils qui couinent
Comme une vieille malle
Avec ses charnières en ruine
Des regards qui surveillent le parloir
Dés que quelqu’un arrive dans le couloir
Des visites de plus en plus rares
Peur d’un excès sudoripare
Des larmes qui coulent sur des visages
De plus en plus ridés par les âges
Des cris de tristesse
Qui dénote leur détresse
Aux plus plaintifs
On administre des palliatifs
On cherche à accompagner
Les plus résignés
Ils perdent la mémoire
Radotent les vieilles histoires
On les entoure avec gentillesse
On excuse leurs maladresses
Face à la grande faucheuse
La mort n’est pas grincheuse
Il y a des signes qui ne trompent pas
On n’a pas touché au dernier repas
C’est la dernière encoche
La fin est proche
Les rêves d’enfance s’égrainent
Dans un regard vide et sans haine.
Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
Commentaires
C'est la version triste de la mort à l'occidentale, celle qui s'acharne à courir après la fontaine de Jouvence mais il est encore des gens qui profitent de leur passage sur Terre pour accomplir de tout leur cœur ce qui leur est cher et qui partiront l'heure venue, dans le cycle éternel de la vie, avec satisfaction et légèreté :-)