Le vieux village s'en va

La mort des vieux et de leurs villages 

Le vieux village s’en va

Un village se meurt de vieillesse

Il n’y a plus ni hardiesse ni allégresse

Seules se font encore entendre des prières

Qui se rapprochent un peu  plus du cimetière

 

Il y a des maisons que plus personne n’habite

 Dont un mur chaque jour un peu plus s’effrite

Un  village qui devient désert

Qui respire solitude et misère

 

De plus en plus dans les chaumières

S'éteignent une à une les lumières

Et les vieux sur leur banc de pierre

Les mains jointes font des prières

 

Et souvent le soir restent assis dans le noir

Il ne sert plus à rien l’abreuvoir

La charrette s’abîme devant la porte

La vieille jument est morte

 

Le vieux maréchal ferrant 

Est déjà parti  devant

Et le meunier sur le déclin

A  fermé pour toujours son moulin

 

Ici  la fatigue se fait sentir

Les jambes commencent à fléchir

Le corps se met à souffrir

Sans plus  d’espoir de guérir

 

La peau de moins en moins lisse

Chaque jour un peu plus se plisse

Au moindre effort on s’essouffle

On a du mal à mettre ses pantoufles

 

L’école qui avait vu tant de garnements

A fermé sur ordre du gouvernement

Elle en avait vu passer des élèves

Qui pour les vieux étaient la relève

 

Les vieux vont disparaître

Emportant avec eux leurs recettes

Un  village qui avait tant de souvenirs

A jamais va tout simplement mourir

 

Les jeunes ont déserté le village

Il venait d’un autre âge

Ils préfèrent les gratte-ciel

Dont la tête touche presque le ciel

 

Ils n’entendront pas le cri de l’alouette

Ni celui du hibou ou de la chouette

Dans ces villes bâties en altitude

Seule règne l’immensité de la solitude

 

Dommage c’était un village pittoresque

Avec ses quelques vestiges mauresques

Aujourd’hui il s’étiole

Comme agressé au vitriol

 

Tant de villages abandonnés

Qui dans leur vie ont tant donné

Qui viendra fleurir les tombes

De tous ces vieux qui avaient survécu aux bombes.

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