Partir.

Partir.
Pour l’instant il est encore lucide
Mais il parle seul pour combler le vide
Pour casser ce long silence
Pour sentir un peu de présence
Alors que son corps devient de plus en plus rigide
Ce n’est plus tout à fait lui qui décide
Quel intérêt de manger seul devant sa table
Et regarder le sablier écouler son sable
Quand on n’a personne à qui parler
Quand il n’y a personne pour vous écouter
Et le dos de plus en plus vouté
Sous le poids des années
A quoi sert de continuer
Quand on est diminué
Et qu’on n’est plus ensemble
Avec celle ou celui pour qui notre cœur tremble
Malgré des appels au secours
Il n’y a personne aux alentours
Pour lui tendre la main
Pour l’aider à prendre son bain
Désespoir de ceux qui n’ont plus aucun espoir
De voir quelqu’un leur rendre visite au parloir
La peur de s’assoir
Et de ne plus voir leur visage dans le miroir
Pourquoi personne dans son entourage
N’est jamais là les soirs d’orage
Tout le monde a oublié ses coordonnées
Il se sent oublié
Il faut vraiment une dose de courage
Pour ne pas sombrer dans ce naufrage
Autour il n’y a que le silence
Comme témoin du manque d’assistance
Alors il pense trouver un moyen élégant
Pour être le principal figurant
Passer de l’autre coté
Avant d’être ligoté
Par le poids de la vieillesse
Et les jours de tristesse
De toute façon il n’y avait plus assez de bougies
Pour passer la radiologie
Et le temps s’est rafraîchit
Les collines ont déjà blanchi
Et les derniers mots partent en refermant la porte
On les retrouvera pendus au bout d’une langue morte
Quand le monde devient noir et sans espoir
C’est le dernier acte héroïque du désespoir.
Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur. .Salva