Le fléau à blé
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Le fléau à blé
Pour aller gagner quelques sous
Les hommes s’étaient expatriés
Certains exposés aux coups de grisou
Avaient dû résignés se faire rapatrier
Les femmes étaient restées seules
Par les dettes étranglées
Pour faucher les blés
Et les séparer de l’éteule
A cette réunion annuelle
Les femmes emmenaient avec elles
Pour ce travail de fourmi
Leurs mômes encore à moitié endormis
On mettait toutes ces petites frimousses
A l’abri des rayons de soleil
Dans ce décor sans pluie ni mousse
Sous un grand chêne encore vert
Certains dans leur plus simple appareil
Restaient toute la journée à couvert
Dans ce pays où il n’y avait pas besoin d’allogène
Pour avoir une peau couleur d’ébène
Une fois le blé fauché et ramassé
Et bien qu’ayant été toute la journée baissé
Il fallait séparer le grain de l’ivraie
Et aller pour quelques pièces le livrer
C’est à ce moment que malgré mon jeune âge
Je me mettais à l’ouvrage
Après un court intermède
Ma mère avait besoin d’aide
On mettait le blé sur un drap
Et chacun avec son fléau
On se mettait face à face
Pour séparer l’écheveau
De tout ce substrat
Sans aucune préface
Puis on se mettait sous le vent
Et avec une technique de passavant
On accomplissait notre travail ingrat
En balançant en l’air notre drap
Pour que le vent emporte la paille
Et que seul reste le grain de blé
Pour qu’on ne soit plus sur la paille
Pour qu’on gagne un peu de blé
J’étais fier de ma faible contribution
Sans aucune rétribution
Qui soulageait un peu ma mère
Il aurait été fier de moi mon père.
Salva.
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