Le village de mes ancêtres
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Un vieux village médiéval
Le village de mes ancêtres
Un village de carte postale
Tout y était artisanal
Un château fort perché sur la colline
Nous rappelait nos racines
Le vieux village accroché
Sur ce bout de rocher
Ressemblait à une favela
Mes grands parents étaient nés là
Ma grand-mère vivait seule
Mon grand-père ayant été mis en linceul
Trop jeune pour que je l’aie connu
La mort trop vite était survenue
Suite à sa chute du haut d’un arbre
Le destin s’était montré macabre
Il n’avait pas survécu à cette chute
Malgré une vaillante lutte
Ma grand-mère avait beaucoup prié
Et ne s’est jamais remariée
Elle s’est vouée à ses enfants
Mettant sa vie en suspens
Dans ces pays du sud une rude épreuve
Pour celle qui reste veuve
Un immense poids sur ses épaules
Obligée d’assumer les deux rôles
Une de ses quatre filles
Avait racheté la maison de famille
Elle avait récupéré l’habitation
Qui avait vu mûrir les premières moissons
Ses enfants l’avaient relogée
Dans un trou creusé dans le rocher
Une maison troglodyte
Digne d’une vie d’ermite
Une seule pièce servait à tout
De chambre de cuisine et de range tout
Il n’y avait ni eau ni toilettes
Tout se faisait dans une cuvette
Il n’avait pas de chauffage
Nul besoin de ramonage
Chaque jour ma grand-mère partait à pied
Ramasser des morceaux de bois oubliés
Deux caissons de blé
Servaient de garde manger
Il y avait deux lits cote à cote
Dans cette vieille gargote
L’un était pour un hypothétique invité
Qui ne venait jamais s’y abriter
Pas assez de commodités
Dans notre monde d’enfants gâtés
Un trou sur le pas de porte
Servait de WC dans cette place forte
C’était à la vue de tous
C’était pire que dans la brousse
Une seule et unique lampe
Au milieu du plafond
Servait d’estampe
Pour cette toile de fond
Chaque jour elle sortait habillée de noir
La couleur du désespoir
Il y avait de la misère
Sur cette pauvre terre
Elle faisait sa toilette et sa lessive
Dans une vieille bassine
Posée sur un tabouret
Souvenir de la lointaine forêt
Elle avait toujours refusé
De quitter son natal village
Pour elle les habitants des villes
Vivaient dans des cages
Elle portait de vieux habits usés
Rien n’était futile ou inutile
Son mari, mon grand père
Était mis en terre
Dans le cimetière en contrebas
Après avoir perdu son dernier combat
C’était au pied de la falaise
Dans une mortaise
Que reposait mon grand-père
A l’ombre d’un conifère
Un de ses fils Rescapé de son entourage
Habitait dans les parages
Il était de corvée d’eau
Qu’il lui Amenait à dos d’âne dans un tonneau
Elle allait encore visiter sa vigne
Elle voulait rester digne
Mais ne portait rien sous sa jupe et tablier
Beaucoup plus pratique pour se soulager
Elle avait honte de demander un service
Ne faisait jamais de caprice
Élevée dans la tradition ancienne
En bonne catholique Italienne
Elle ne connaissait pas le vent du large
N’avait jamais détaché sa barge
Mais connaissait tous les sentiers
Et les rues de tous les quartiers
Ce village était toute sa vie
Le quitter la condamnait
Elle n’avait pas d’autre envie
Que de mourir où elle était née.
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