Terres ancestrales

Les vieilles du village

 

Terres ancestrales

Mon grand père trop démuni

S’est émigré aux Etats Unis

Pendant plusieurs années

Loin de sa chère méditerranée

 

Il vivait à la spartiate

Mangeait des fayots et des patates

Pour envoyer son argent au pays

Il en est revenu beaucoup vieilli

 

Mais cela lui a permis d’acheter 

A la terre quelques lopins

Pour le sortir de sa pauvreté

Et en tirer quelques morceaux de pain

 

Pendant  ce temps ma grand mère

Jouait à l’élégante boutiquière

Elle se pavanait sur la place

Rêvant déjà de palace

 

Mais il lui fallut se rendre à l’évidence

Elle avait deux filles à marier

Il leur fallait une dot pour l’accointance

Sous peine de se faire décrier

 

Il fallut relativiser

Les terres furent divisées

Il ne restait à chacun

Qu’une peau de chagrin

 

A la campagne la vie était rude

La terre était aride

Face à la sécheresse les rides

Prenaient de l’amplitude

 

Mon grand père usé partit le premier

On ne le vit plus sur les sentiers

Mon aïeule  se retrouva seule

Dans ses champs de blé et ses vignes

Elle s’attela à la meule

Et  resta digne

 

Mais elle avait le défaut

Des gens de cette époque

Parée de religieuses pendeloques

Elle maniait le vrai et le faux

 

Si les hommes allaient au bistrot

Les femmes colportaient les ragots

Croyaient à la puissance divine

Mais lançaient des paroles assassines

 

Elles allaient à la messe et à confesse

Pleuraient les jours de détresse

Croyaient aux feux de l’enfer

Et à la condamnation de Lucifer

 

Mais n’hésitaient pas à se réunir en clan

Et avec des propos ambivalents

Critiquer tout ce qui bouge

Et à frapper de leur langue de  vouge

 

Femmes pieuses et vertueuses

Femmes capricieuses et capiteuses

C’était la vie de cette époque

Entre  breloques et bicoques.

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